Le ministre des Finances russe pourrait être nommé premier ministre en cas de victoire de Vladimir Poutine à la présidentielle.
Il est jeune, 51 ans. Ses convictions libérales sont ancrées. Il présente bien dans les forums internationaux, et n'a pas la tête d'un apparatchik. L'actuel ministre des Finances russes, Alexeï Koudrine, est cité comme l'un des meilleurs candidats possibles au poste de premier ministre, après les élections présidentielles de 2012, et le retour probable au Kremlin deVladimir Poutine
Une simple formalité
Selon plusieurs kremlinologues, cette formule concilierait à merveille le souhait de l'actuel chef du gouvernement de reprendre formellement le plein contrôle du pays. Un rôle qu'il avait dû abandonner en 2009, au profit de son protégé, Dmitri Medvedev, la Constitution limitant à deux le nombre de mandats présidentiels successifs. Et cela tout en offrant le poste à un premier ministre «réformateur», qui a traversé avec succès la crise de 2008, et de surcroît appartient au premier cercle de Vladimir Poutine.
Parallèlement, plus grand monde ne donne cher des chances du «libéral» Dmitri Medvedev de poursuivre son travail. Les supporteurs de l'actuel chef du Kremlin pressent leur champion d'annoncer vite sa candidature, expliquant que le temps joue contre lui. Mais en vain. Selon un sondage publié hier par l'institut Vtsiom, le jour de son anniversaire, 23 % des Russes estiment que Dmitri Medvedev, perçu comme un «intellectuel», n'a obtenu «aucun résultat» depuis son élection en 2008. À la question relative à son bilan politique, 47 % d'entre eux se déclarent incapables de répondre. Les analystes ont déjà trouvé un point de chute à Medvedev : le poste de président de la Cour constitutionnelle, basée à Saint-Pétersbourg, sa ville d'origine.
Après le scrutin de mars 2012, qui apparaît déjà comme une simple formalité, le régime continuera à s'enfoncer dans une stagnation déjà connue sous l'ère brejnévienne, estiment les opposants les plus farouches à Vladimir Poutine. Mais ce scénario est loin d'être partagé. «Poutine continuera sur la voie du rapprochement raisonné avec l'Europe », veut croire un diplomate occidental.
Surtout des réformes économiques, mises entre parenthèses par la crise financière de 2008, ont besoin d'être entreprises, dont l'augmentation de l'âge de départ à la retraite, et la chasse aux déficits budgétaires. «Ces dernières années, Poutine n'a pas cessé d'augmenter les pensions des retraités et d'accumuler les dépenses. Cette fois, il devra se doter d'un premier ministre kamikaze, prêt à faire le sale boulot, et qu'il pourra utiliser en tant que fusible quand il jugera que la purge est allée trop loin et qu'elle porte tort à sa popularité », explique Nikolaï Petrov, associé au Centre Carnegie de Moscou. Déjà, Alexeï Koudrine a mis en cause la dépendance excessive du pays au pétrole - un refrain maintes fois entonné par Dmitri Medvedev - et s'est déclaré prêt à augmenter les impôts. Pour cela, il s'est fait de nombreux ennemis au sein de Russie unie, le parti hégémonique dirigé par Vladimir Poutine, qui pourraient gêner son ascension.
D'autres noms de réformateurs, aux personnalités plus incolores, circulent. Encore faudrait-il qu'elles acceptent d'essuyer les plâtres. L'actuel président de Sberbank, Guerman Gref, et le vice-premier ministre, Igor Chouvalov, ont décliné. En revanche, le milliardaire Mikhaïl Prokhorov est très tenté. En cas d'échec, l'oligarque qui a débuté dans la politique pourra toujours retrouver ses affaires industrielles.