Poutine atteint des sommets de popularité grâce à l'Ukraine

MOSCOU (Reuters) - Vladimir Poutine, qui célébrait mercredi ses dix années passées à la présidence russe, plus quatre ans au poste de Premier ministre, bénéficie d'une popularité rarement atteinte depuis ses premiers pas à la tête du pays.

Porté par la crise en Ukraine et les tensions avec les Occidentaux, à un niveau sans précédent depuis la fin de la Guerre froide, le maître du Kremlin était crédité fin avril d'une cote de satisfaction de 82%, selon l'institut de sondage Levada. Il faut remonter jusqu'à fin 2010 pour retrouver un tel niveau sur sa courbe de popularité.

Une autre enquête menée par VTsIOM, financé sur fonds publics, estimait fin avril entre 61 et 66% la proportion de Russes lui faisant confiance, un record depuis janvier 2006. Plus impressionnant encore, seules 3% des personnes interrogées déclarent ne pas lui faire confiance.

Capacité à décider, intelligence, compétence et expérience sont les traits de caractère mis en avant par l'enquête VTsIOM.

Successeur désigné de Boris Eltsine au dernier jour de 1999, Vladimir Poutine a présidé la Russie de 2000 à 2008, date à laquelle, atteint par la limite du nombre de mandats, il fait élire Dmitri Medvedev au Kremlin, se réservant pour lui-même le poste de Premier ministre. Il revient à la présidence à la faveur de l'élection de 2012 pour un mandat renouvelable porté à six ans.

En annexant la Crimée - cédée à l'Ukraine par Nikita Krouchtchev en 1954 - et en remettant au goût du jour la "Novo Rossiya" (Nouvelle Russie) de l'époque tsariste, Poutine a touché une corde sensible auprès de la population russe. Et ce regain de fierté nationaliste estompe la stagnation économique.

"Jusqu'à présent, les Russes voyaient en Poutine un garant expérimenté de la stabilité. Il a réussi à faire des sentiments autour de la Crimée un deuxième facteur de sa popularité", analyse le politologue Pavel Saline, qui anticipe cependant un reflux à moyen terme.

"L'euphorie autour de la Crimée aura disparu dans six mois, un an peut-être compte tenu de la propagande d'Etat et de la 'guerre de l'information' que mène le Kremlin, alors sa popularité commencera à chuter", prédit-il.

(Henri-Pierre André pour le service français)

Original source: le Nouvel Observateur